L’heure de pointe a été compliquée au centre-ville de Montréal plus tôt jeudi matin en raison d’un accident majeur qui a forcé la fermeture de l’autoroute 720 Ouest, en direction de l’autoroute 20 Ouest, à la hauteur de l’échangeur Turcot, jusqu’à 10 h.
La congestion s’est étirée sur environ 3,5 km depuis la sortie Guy.
Les services d’urgence et de remorquage ont été sur place jusqu’à 10h pour déplacer un véhicule en fumée. Transports Québec a demandé aux automobilistes d’éviter le secteur.
Un accrochage a aussi eu lieu après l’entrée Rose-de-Lima, dans le même secteur, entre une voiture taxi et un semi-remorque.
«On est très contents des résultats à date, mais il faut rester vigilants. D’autres pourraient venir essayer de combler le vide créé par ces arrestations», dit Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent.
En 2017, le SPVM avait noté une hausse marquée du nombre de vols de véhicules sur l’île, alors que ceux-ci avaient bondi de 9,2%. Le corps policier avait recensé 4816 vols de véhicules, soit 405 de plus que l’année précédente.
«On avait un problème particulièrement dans les stationnements d’hôtels le long [du chemin] de la Côte-de-Liesse, à proximité de l’aéroport», affirme le maire DeSousa.
À la fin de 2017, les enquêteurs chargés de cibler les réseaux organisés ont lancé une opération pour surveiller les activités dans les stationnements voisins de l’aéroport, où de nombreux vols de voitures de luxe avaient été rapportés.
Le travail d’enquête a porté des fruits puisque, quelques mois plus tard, les policiers sont remontés jusqu’à un garage de Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, où ils ont installé une caméra de surveillance. Finalement, le 22 novembre dernier, les policiers ont mené neuf perquisitions et procédé à huit arrestations de personnes soupçonnées d’avoir participé à «un réseau très organisé de maquillage et de découpe de véhicules volés provenant en bon nombre de ces stationnements». Celles-ci font face à plus de 50 chefs d’accusation.
Rare coup de filet
Depuis cette frappe, le poste de quartier 7 du SPVM, qui couvre l’arrondissement de Saint-Laurent, a observé une baisse marquée du nombre de vols de voitures. Dans un bilan couvrant les mois de novembre et décembre, les policiers rapportent avoir recensé 44 vols sur leur territoire, soit nettement moins que les 91 à pareille date en 2017. Les vols dans les véhicules sont aussi en forte baisse. Le poste de quartier 7 en a enregistré 48, contre 73 en 2017, soit une diminution de 34 %.
Ce coup de filet est d’autant plus important pour les policiers que les vols de véhicules sont peu résolus. Durant les huit premiers mois de 2018, moins de 6% des 3070 vols rapportés avaient été résolus, selon des données obtenues en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Les policiers ont porté des accusations dans seulement 124 dossiers, de janvier à août.
Le corps policier s’attend à ce que la baisse se poursuive à la suite du démantèlement du réseau. «Il est à prévoir que le nombre de vols de véhicules sera en baisse de façon substantielle dans le futur», lit-on dans un bilan que le SPVM a présenté aux élus de Saint-Laurent la semaine dernière.
Le SPVM a par ailleurs indiqué ne pas avoir encore de statistiques sur le vol de voitures à l’échelle de l’île, le corps policier était en train de compiler les données en vue de son rapport annuel devant être rendu public plus tard.
Appel à la vigilance
Outre la frappe policière, Alan DeSousa souligne que les hôtels du secteur ont aussi resserré leurs mesures de sécurité afin de mieux contrôler les entrées et sorties. Le maire de Saint-Laurent les invite d’ailleurs à maintenir leur vigilance pour éviter qu’un nouveau groupe s’implante. «Il ne faut pas baisser notre garde, parce que les facteurs qui font de Saint-Laurent un endroit à risque, la proximité des autoroutes et le marché des autos de luxe, sont toujours présents», dit l’élu.
Victime de vol dans un stationnement autour de l’aéroport l’été dernier, Nadine estime que les policiers auraient pu agir plus rapidement. Elle s’apprêtait à s’envoler pour la France quand des individus se sont introduits dans sa voiture et ont subtilisé ses valises. Elle est ainsi partie deux heures plus tard les mains vides. Elle est convaincue que les policiers n’ont pas réussi à éradiquer la menace, ayant eu vent de nombreuses autres victimes. «Je suis écoeurée parce que je vois que ça continue.»
Selon les informations recueillies par La Presse auprès du ministère de la Santé, un des éléments importants de la stratégie sera l’élargissement de l’autonomie des infirmières praticiennes spécialisées (IPS), un poste qui nécessite sept années d’études. Déjà, depuis un an, celles qu’on appelle communément «super-infirmières» pouvaient amorcer un traitement pour une maladie chronique. On leur conférera à l’avenir le droit de poser un diagnostic et de le communiquer au patient, elles auront les mêmes pouvoirs que leurs collègues de toutes les autres provinces.
On veut aussi augmenter leur champ de pratique – les interventions qu’elles peuvent faire sans la tutelle d’un médecin – dans les soins palliatifs, par exemple. Le Québec compte environ 400 IPS actuellement, mais ce contingent augmentera rapidement pour atteindre 2000 en 2024.
Ces avancées sont toujours difficiles à faire avaler aux médecins.
On s’est rendu aux déclarations de guerre l’an dernier, mais la nouvelle ministre de la Santé Danielle McCann est déterminée à aller de l’avant, même s’il faut imposer par une loi cette décision aux omnipraticiens, assure-t-on.
Ces infirmières veulent obtenir l’affranchissement des médecins, un maximum d’autonomie pour les problèmes mineurs. En prime, Mme McCann compte aussi conférer aux pharmaciens le pouvoir d’inoculer des vaccins – une décision qui était déjà avancée au Ministère avant les dernières élections. Les nouvelles règles risquent d’avoir des conséquences pour les médecins : le médecin qui parraine une telle infirmière a une compensation de 30 000 $ pour la superviser et une autre somme de 30 000 $ pour compenser l’espace bureau qui leur est nécessaire.
Depuis le 1er octobre, les grands paramètres de la santé au Québec n’ont guère bougé : la proportion de Québécois qui ont un médecin de famille plafonne toujours à 80%. Seulement 65% des patients qui nécessitent une intervention en oncologie ont une opération en moins de 28 jours – la norme internationale est de 90% et l’Ontario y est presque.
Première ligne renforcée
Pour Danielle McCann, le plan de match doit nécessairement passer par une première ligne renforcée – c’était sa matière forte quand elle était directrice générale du CSSS du Sud-Ouest-Verdun, la solidité de la première ligne était citée en exemple partout au Québec, même par son futur adversaire Gaétan Barrette. Dans sa stratégie, une «révolution de l’accès», qu’on prévoit rendre publique en avril, elle prévoit de nombreuses mesures pour accélérer et faciliter l’accès aux soins.
Première mesure, Québec veut faire en sorte que tous les patients aient un accès direct à tous les groupes de médecine familiale (GMF), qu’ils y soient inscrits ou non. Les patients pourront se présenter au GMF de leur choix, sans entrave.
On compte aussi faire en sorte que les patients aient accès à leur médecin dans les 36 heures, une cible promise par la CAQ en campagne, à atteindre pendant son mandat de quatre ans.
Finalement, on veut revoir la partie ambulatoire des urgences pour la réorienter vers la première ligne, les CLSC, une infirmière ou un pharmacien.
Pour l’heure, on estime que toutes ces modifications peuvent se faire avec les budgets existants. D’autres mesures sont à prévoir : le passage à la «capitation» pour une partie de la rémunération des médecins suppose des coûts supplémentaires. Ce principe circule à Québec depuis des décennies : les médecins seraient rétribués pour veiller à la santé d’un contingent de patients, sans égard au nombre d’actes faits.
Certains voient dans cette formule un risque que les médecins allègent leur tâche, tout en bonifiant leurs revenus. Déjà, le ministère de la Santé est aux prises avec une carence de productivité chez les médecins. Ainsi, 2000 omnipraticiens sur environ 8000 – souvent parmi les plus jeunes – ont moins de 500 patients. Or il n’est pas rare que leurs aînés aient jusqu’à 3000 dossiers.
Après avoir longtemps résisté, les médecins sont désormais prêts à donner plus de place aux infirmières pour désengorger le système de santé, croit la ministre de la Santé, Danielle McCann. D’ici un an, on pourrait même voir des infirmières praticiennes spécialisées faire des diagnostics, selon elle.
« L’objectif, c’est que les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) puissent utiliser toutes leurs compétences. Il y en a presque 500 en première ligne. Imaginez le potentiel ! Actuellement, elles doivent se fier au médecin, elles ne peuvent pas poser de diagnostic », a expliqué la ministre de la Santé en entrevue au Devoir. « Imaginez-vous si on dégage ça ! On a l’offre de service qui va être augmentée. »
Récemment, Danielle McCann a officiellement demandé au Collège des médecins de « regarder la possibilité » que les IPS puissent poser un diagnostic. Elle a aussi suggéré au Collège de modifier la règle voulant que les patients vus par une IPS soient tenus de rencontrer un médecin dans les 30 jours suivants.
« Ils doivent me revenir à court terme, dans les prochaines semaines, avec une proposition », dit-elle.
Cette réforme « va peut-être être une petite révolution de l’accès en première ligne », avance la ministre, qui n’exclut pas la possibilité que les IPS puissent commencer à faire des diagnostics d’ici un an. « On va essayer », dit-elle.
Les médecins réalisent que le système ne fonctionne pas. La population n’en peut plus, et je pense que les médecins, y compris la Fédération, [le] réalisent.
Tout en négociant avec le Collège des médecins, Danielle McCann a bon espoir de convaincre les omnipraticiens de changer la façon dont ils sont payés. Elle veut qu’ils prennent en charge plus de patients, mais ne soient pas obligés de les voir en personne. Avec le nouveau système, ils pourraient être consultés par téléphone sans en subir un préjudice financier, par exemple. « Ils sont prêts, on les a rencontrés », dit l’ancienne dirigeante de l’Agence de la santé de Montréal.
La méthode douce
Aux antipodes de Gaétan Barrette pour ce qui est de l’approche, la ministre de la Santé préconise clairement la méthode douce avec les médecins. Depuis son arrivée, elle n’a pas non plus imposé de pénalités aux médecins de famille qui n’avaient pas atteint leurs cibles pour le nombre de patients. Elle a aussi cédé dans le dossier de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) en abandonnant l’idée de rendre publics les noms des médecins qui surfacturent, ce qu’elle avait pourtant promis de faire en début de mandat.
La carotte sera-t-elle plus efficace que le bâton ? C’est le pari que fait Danielle McCann. « Quand je suis arrivée, le ministre était à couteaux tirés avec les fédérations médicales. C’est très important parce qu’on n’avance pas dans ce temps-là. J’ai instauré une collaboration. Le ton a changé », dit-elle.
« Les médecins réalisent que le système ne fonctionne pas. La population n’en peut plus, et je pense que les médecins, y compris la Fédération, [le] réalisent. » Son président, Louis Godin, « dit lui-même qu’il faut faire quelque chose », précise-t-elle.
Quand on lui fait remarquer que les médecins ont souvent résisté aux changements dans le passé, la ministre affirme qu’on verra des « changements graduels » et que le modèle sera « opérationnel d’ici la fin du mandat ».
« On veut soutenir nos médecins de famille. On veut qu’ils prennent en charge davantage de patients, mais on ne veut pas qu’ils s’épuisent. Au contraire qu’ils se déchargent, qu’ils délèguent à d’autres professionnels, dont les pharmaciens. Et qu’ils aient la possibilité dans la prise en charge du patient de consulter le médecin spécialiste sans être pénalisés. » Suivant cette logique, au lieu de voir 500 patients chacun par exemple, ils pourraient en voir 1000 parce que 50 % de leur temps serait libéré, explique-t-elle.
Rencontrée la journée de la publication d’une chronique remettant en question son leadership, elle n’a pas voulu dire quel était l’état de santé dudit leadership. « Vous en pensez quoi, vous ? », s’est-elle contentée de répondre avec un sourire en coin.
Délestée cet automne de trois gros dossiers — les négociations (confiées à Christian Dubé), les CHSLD (Marguerite Blais) et le cannabis (Lionel Carmant), la ministre de la Santé a consacré toute son énergie aux soins de première ligne. La CAQ a promis pendant la campagne que tous les Québécois malades allaient pouvoir avoir une consultation en moins de 90 minutes d’ici la fin du mandat, et c’est là d’abord que les changements se feront sentir, dit-elle.
« Ça ne s’est jamais fait au Québec », dit-elle. « Dégager un potentiel qu’on a chez les professionnels pour vraiment augmenter les services en première ligne. »
De l’air pour les infirmières
Or les effets de cette réforme ne se feront pas sentir demain matin. Que fera-t-elle d’ici là notamment pour aider les infirmières et les préposés aux bénéficiaires qui sont débordés ?
Des fonds « ciblés » seraient prévus dans le budget, avance la ministre. « On va aussi avoir des ressources d’appoint. Il faut attendre le budget pour être plus précis là-dessus. »
Des fonds seront ainsi débloqués pour embaucher des préposés aux bénéficiaires, des aides de service et des infirmières supplémentaires aux endroits où les besoins sont les plus criants.
« On ne peut pas nier qu’à certains endroits on est en dessous du ratio qu’on devrait avoir, vous comprenez, notamment dans certains CHSLD. Nous, on sait où. Donc on ne va pas ajouter des ressources à travers le Québec, mais là où on en a le plus besoin. »
La ministre caquiste a aussi demandé aux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) de créer davantage de postes à temps plein pour les infirmières. Certains le faisaient déjà, mais elle souhaite que cela se généralise.
Elle n’a toutefois pas l’intention d’intervenir sur le salaire des préposés aux bénéficiaires, qui demeurent très bas. « On n’est pas à cet endroit-là en ce moment », dit-elle. Pour « valoriser la profession », elle souhaite qu’ils soient formés à même les CHSLD et parle de « payer leur formation, au moins une partie ».
Le budget au printemps devrait aussi inclure les 200 millions de dollars promis pour les soins à domicile, mais il faudra attendre plus longtemps avant qu’il y ait un coup de barre dans le domaine des services en santé mentale.
Danielle McCann veut d’abord consulter. Ainsi, un forum, ou une consultation à l’image de celle organisée par Marguerite Blais sur la proche aidance, sera organisé ce printemps. La ministre souhaite alors tester les idées des proches de personnes malades auprès des experts.