Gabriel a-t-il déjà vu l’un de vos films ? Et si vous deviez lui en montrer un, lequel serait-ce ?
Peut-être qu’il a vu des images, mais je ne crois pas. J’ai fait un film avec son père, il y a six ans : Cherry Pie. Un road movie très beau, très poétique. Peut-être que je lui montrerai celui-ci, ce serait amusant. Après, il faut laisser les enfants décider. J’ai eu ce rapport-là avec ma mère. On n’a pas forcément envie de voir sa mère jouer au cinéma. Au fond, sa mère devient une poupée, le cinéma met une distance.
On perçoit dans vos rôles de la douceur, de l’intensité. Quelle place tient l’amour dans votre quotidien ?
Avoir un enfant, c’est laisser une place à l’amour tout le temps. Comme mère, je suis aimante, j’ai le sentiment de donner énormément de ma personne. Je considère l’amour maternel comme infini. Je ne suis pas autoritaire, je mets peu de limites, ça déborde, sans doute trop. Mais, dans l’absolu, je pense qu’il n’y a pas d’amour parfait.
Moi, maman, ma mère et moi sort le 30 janvier. On reste dans la thématique de la famille, non ?
C’est le premier film d’un réalisateur talentueux, Christophe Le Masne, et c’est l’histoire d’une fratrie, deux frères et deux sœurs, qui viennent de perdre leur mère. C’est une comédie drôle et émouvante, une histoire de famille dans laquelle les enfants, tous différents, ne s’entendent pas, se déchirent même. La mère revient de manière fantomatique, avec un message. J’aime vraiment ce film, j’ai adoré joué ce rôle.
Votre propre mère, Isabelle Huppert, a-t-elle été un modèle ? Aimez-vous tourner ensemble ?
Je ne vois pas une mère comme un modèle, que l’on pourrait fantasmer. On est plus dans le réel que dans la fiction, et surtout, on vit loin de ce que le monde évoque de ses parents. Avec ma mère, on a joué ensemble quelques fois, dans Copacabana et Barrage. C’était simple, plus simple qu’il n’y paraît !
Vous avez réalisé un court-métrage en 2006, À cause d’elles. Aimeriez-vous passer à nouveau derrière la caméra ?
J’aimerais bien, parfois. Depuis quelques mois, je travaille avec Isild Le Besco sur un film qu’elle a écrit et que nous allons coproduire. Pouvoir être à l’initiative de projets me plaît énormément.
Vous avez joué aussi dans le film sur Van Gogh, At Eternity’s Gate, de Julian Schnabel. Gros casting annoncé (Willem Dafoe, Rupert Friend, Oscar Isaac, Mathieu Amalric…), comment s’est passé le tournage ?
J’ai un petit rôle mais qui m’a donné l’occasion de jouer avec Willem Dafoe. Ce n’est pas seulement un film sur un peintre, c’est un long-métrage sur les couleurs, les lumières, l’idée de création. C’est un très grand film.
Et vos projets au théâtre ?
Ce sera à Paris, aux Bouffes-Parisiens, en janvier, où l’on reprendra Rabbit Hole, une pièce jouée avec Julie Gayet l’année dernière au théâtre des Célestins, à Lyon. Mon rôle est celui de la sœur de Julie Gayet, qui a perdu son enfant et, moi, je suis enceinte. C’est une très belle pièce, un rôle difficile, mais à l’humour anglo-saxon.
Quels sont vos rêves d’actrice ? Les avez-vous déjà accomplis ?
J’en ai encore plein ! (rires). Les rêves sont l’essence même de ce métier. On ne peut faire que ça, comme c’est un métier qui joue là-dessus, sur le désir aussi. C’est aussi à cause de ça qu’il est douloureux. Si l’on ne rêve pas sa vie, il n’y a pas de vie quand on est actrice.
« Moi, maman, ma mère et moi », de Christophe Le Masne.
Sortie le 30 janvier 2019.
« At Eternity’s Gate », de Julian Schnabel. Sortie en novembre 2018 (États-Unis).
« Rabbit Hole. Univers parallèles », théâtre des Célestins à Lyon. Reprise au théâtre des Bouffes-Parisiens du 17 janvier au 31 mars 2019.
Lolita Chammah et son fils Gabriel sont habillés en Bonpoint.
Un grand merci à l’hôtel Doisy Étoile pour son accueil.