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Photo : François Bouchon/Le Figaro

De plus en plus appréciées par la critique, les cuvées du Douro restent encore mal connues du grand public.

En préambule, rappelons que la vallée du Douro et Bacchus cultivent une très vieille histoire d’amour. Dès 1756, la région se dotait d’un cahier des charges et délimitait une zone d’appellation, soit 250.000 ha dont 40.000 de vigne aujourd’hui. Les lieux sont enchanteurs : un fleuve large et calme, deux rives sculptées à l’infini d’une multitude de terrasses superposées et pour la plupart plantées de vitis vinifera. Un paysage que l’on croirait peigné chaque jour dans le sens du fil de l’eau. Beau à mourir. En 2001, l’Alto Douro Viticole (Haut-Douro) rejoignait la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Pôle d’attraction

D’un point de vue vitivinicole, la région est unique, avec 116 cépages autorisés. Dans les «vieilles vignes», des parcelles dont les pieds ont au moins quarante ans, sont répertoriées jusqu’à trente cépages différents. Les variétés locales y sont préservées avec soin. Les crus de la vallée, résultats de savants assemblages, se montrent souvent puissants, corsés, mais équilibrés. Ces dix dernières années, les ingénieurs agronomes et œnologues portugais, désormais formés partout dans le monde aux techniques les plus pointues, ont su optimiser la culture, penser des cuviers adaptés à leur production, arrondir et affiner les tannins des cuvées tout en ménageant le recours au bois.

La région est devenue un pôle d’attraction du mondovino. Une balade sur les chemins du Douro donne la mesure des investissements réalisés là-bas par les Brésiliens, Colombiens, Espagnols, Anglais et Français. Parmi ces derniers, le Bordelais Jean-Michel Cazes, de Château Lynch-Bages y a investi avec Jorge Roquette, de Quinta do Crasto. Les Bourguignons sont bien représentés avec la famille Bouchard, à la Quinta do Tedo. Le Champenois Frédéric Rouzaud a misé sur les prestigieux portos Ramos Pinto… Bernard Magrez, Roger Zannier, Philippe Austruy et d’autres s’y sont lancés. Les vins du Douro, encore vendus à prix doux, ont séduit la critique internationale et les amateurs canadiens, chinois, brésiliens, espagnols. En France, ils restent à découvrir.