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Photo : Jean-Charles Caslot

Le régisseur du domaine de Morey-Saint-Denis, Boris Champy, évoque le caractère exceptionnel du dernier millésime.

C’était la première vendange de Boris Champy, le régisseur du Clos des Lambrays – propriété du groupe LVMH –, arrivé quelques mois plus tôt pour succéder à Thierry Brouin à la tête de ce petit bijou de 8,66 hectares. Comme une grande partie de la Bourgogne, la Côte de Nuits a bénéficié l’an passé de très bonnes conditions météorologiques.

«2018 présente des richesses tanniques incroyables, des arômes de fruits noirs que l’on trouve rarement en Bourgogne avec un tel degré d’intensité. Avec ce millésime, on ne parle pas d’arômes de myrtille mais de tarte aux myrtilles ! Ce sera un cru atypique qui se rapprochera sans doute du 1947.» Le choix des dates de vendanges fut inspiré : «Nous avons voulu contrebalancer un été très ensoleillé en ramassant tôt notre raisin, dès la semaine du 27 août, et ainsi éviter de produire un vin lourd et des saveurs de cuit. Nous avons voulu préserver de l’acidité. » Une option qui semble évidente a posteriori mais que très peu de domaines osèrent prendre. Sur place, il est déjà question d’un millésime de légende, de ceux qu’un vigneron ne signe pas plus de cinq fois en une carrière. Au Clos des Lambrays, le rendement obtenu de 35 hectolitres par hectare en 2018 est considéré comme idéal.

Pour les prochaines récoltes, l’objectif de Boris Champy est de retrouver l’exceptionnelle qualité des vins élaborés ici dans les années 1930, et leur puissance, quand le Clos trônait au top 5 de la Bourgogne. « Les grands millésimes du Clos des Lambrays, comme les 1923, 1934 et 1937, ont un formidable potentiel. Ils peuvent vieillir quatre-vingts ans. Nous avons analysé ces vieux vins qui ont révélé des degrés d’alcool et des taux d’acidité proches de ceux d’aujourd’hui. Le niveau atteint à l’époque par le Clos n’était pas le fait du hasard. Sur ce terroir hors norme, Camille Rodier, le propriétaire d’alors, avait planté les meilleurs plants, exclusivement en cépage pinot noir, qu’il avait sélectionnés avec beaucoup de soin. Nous voulons retrouver cette viti­culture d’excellence.»