Au cœur de la Xaintrie, aux confins de la Corrèze et du Cantal, les 4 hectares aménagés par Sothys viennent d’obtenir le label « Jardin remarquable » couronnant la démarche originale de la célèbre marque de cosmétique.
Jacques Chirac, en tournée électorale dans les lointains villages de la haute Corrèze, avait coutume de lancer à ses hôtes un goguenard «c’est beau mais c’est loin». La première question que l’on se pose, après avoir avalé kilomètres et virages dans les paysages sublimes de la Xaintrie, far west corrézien entre Tulle et Aurillac, c’est: pourquoi être venu créer un jardin à Auriac, petit bourg désœuvré en granit et en lauzes?
Bernard Mas, concepteur du lieu et artisan de la success story Sothys, balaie l’interrogation d’un revers de la main: «Je voulais faire quelque chose pour la terre de mes ancêtres, dans le village où ils se sont installés en 1714». Et aux grincheux qui doutaient, l’octogénaire affiche son résultat: 10 000 visiteurs ont parcouru l’année dernière les 4 hectares de ce jardin pas comme les autres.
«Je voulais faire quelque chose pour la terre de mes ancêtres, dans le village où ils se sont installés en 1714»
Bernard Mas, concepteur du lieu et artisan de la success story Sothys.
Les débuts sont méritoires. «Personne ne voulait venir ici, et j’ai eu un mal fou pour trouver un paysagiste intéressé par ces prés couverts de ronces et de genêts que je parcourais enfant et que mon père m’avait laissés en héritage», explique Bernard Mas. «Au début, ajoute, non sans humour, Marie-Ange Mas en charge des visites, il fallait beaucoup parler pour occuper les premiers visiteurs, car il n’y avait pas grand-chose à voir.» Mais, depuis 2007, date de son ouverture au public, les choses ont bien changé. Aujourd’hui, le lieu, qui occupe une topographie accidentée, cerné de futaies, est un parcours en quinze étapes qui a atteint sa pleine maturité. La beauté en est le fil conducteur, on soigne l’apparence, lien discret avec la marque de cosmétique qui porte, financièrement, le lieu.
Élégant pavillon d’accueil
Dans l’«escapade hydratante», le visiteur se déchausse pour marcher sur des galets massants entourés de plantes tropicales. Brigitte & Philippe Perdereau.
Après avoir franchi un élégant pavillon d’accueil qui sert de boutique, on est accueilli par une boule de granit posée sur un socle empli d’eau qu’un ingénieux et invisible système hydraulique fait tourner, mappemonde d’une terre promise. À droite, un jardin japonais et, en face, un jardin à la française. Une allée en pente toute en retenue, le «mixed-border» luxuriant, conduit au-delà d’un mur de pierres sèches à une kyrielle d’espaces que séparent des frontières de verdure. Le plus spectaculaire est celui consacré à la peau où l’écorce est fêtée. Un Acer griseum(érable cannelle) s’exfolie au passage de la main, et l’on caresse l’heptacodium comme le pelage d’un chamois dont il a emprunté la couleur et la texture.
Dans l’espace suivant, autrement appelé «escapade hydratante», on se déchausse pour marcher sur des galets massants entourés de plantes tropicales, rafraîchi de brumisateurs qui enchantent les jeunes visiteurs. On atteint une sorte de perfection esthétique avec le jardin égyptien, dédiée à la déesse Sothys, enclos fermé par une grille et agrémenté d’un long miroir d’eau bordé de palmiers. Une curiosité à 700 mètres d’altitude!
«Nous ne sommes pas un jardin publicitaire. (…) Tout ici a du sens»
Christian Mas, directeur général de Sothys
Pour autant, «nous ne sommes pas un jardin publicitaire, insiste Christian Mas, directeur général de la marque. L’œuvre de mon père ne se veut pas non plus pédagogique ou scientifique, on doit la vivre comme une promenade, un plaisir de la vie.» Bancs et chaises invitent le visiteur à des pauses dans ce paysage que le début de l’automne magnifie de tons ocre et rouges. Avec pour précieux compagnon… le silence.
Comme tout est atypique dans ce jardin, les paysagistes se devaient de l’être aussi. Couple breton installé sur les Côtes-d’Armor, Pascal et Cécile Collarec sont ici à la manœuvre, aidés par six jardiniers permanents. Un restaurant aménagé dans une ancienne grange, ouverte sur une pièce d’eau, sert les produits d’un potager dédié, et un gîte de luxe accueille à proximité toute l’année les vacanciers. Chaque été, l’Orchestre Pasdeloup tient festival. Aussi, sur la petite route où jadis les paysans poussaient à pas lents les vaches rousses des hauts plateaux, autocars et voitures venus de toute l’Europe assurent désormais l’animation. «Tout ici a du sens», conclut Bernard Mas, pas peu fier d’avoir donné au Limousin et à l’Auvergne un de ses plus beaux jardins et à Auriac, en Corrèze, un avenir…
• Les Jardins Sothys à Auriac (Corrèze). Tél.: 05 55 91 96 89. Adulte, 7 €. Jusqu’au 4 Novembre, du mardi au dimanche de 11h30 à 18h00.
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.