Le Patronage laïque Jules Vallès présente 41 pièces uniques dans l’exposition «Lotus d’Or: l’art de la petite chaussure dans la Chine ancienne» jusqu’au 31 octobre (Paris XVe). Un événement hautement symbolique alliant la coutume chinoise des «pieds bandés» pour les femmes et l’art de la broderie ancestrale.
L’exposition «Lotus d’Or: l’art de la petite chaussure dans la Chine ancienne» revêt un caractère exceptionnel tant par ses objets que par son sujet, qui reste encore tabou en Chine. La tradition chinoise a voulu que 2 milliards de femmes durant plus d’un millénaire, soit six dynasties, subissent la coutume du pied bandé, soit pied de lotus de 3 pouces (environ 7,5 cm), taille idéale.
Entre tradition et art
Cendrillon chinoise après 1949, ethnie Zhuang, province du Guangxi. Lotus d’or
Le commanditaire de cette exposition est la société Guojia Wenbo, basée à Shanghai, qui réalise une base de données des objets du patrimoine culturel chinois. Elle a réussi à convaincre trois collectionneurs chinois de prêter ensemble, pour une première mondiale, leurs collections. Ces 41 petites chaussures datent de 1661 à 1949, année de l’interdiction officielle de la pratique des pieds bandés par la République populaire de Chine. En accord avec le ministère de la Culture chinois, l’organisateur a choisi un lieu d’exposition public et laïque français. Le jour du vernissage, un des collectionneurs présents insiste sur le véritable objectif de sa collection: l’excellence de la broderie chinoise. Cette dernière est l’une des plus anciennes du monde et reste un patrimoine vivant, qui concerne la tradition chinoise sur plusieurs millénaires. Stéphane Gaulier, directeur du Patronage, rappelle dans son discours, d’une part les souffrances endurées par ces femmes qui par la contrainte ont été empêchées de s’émanciper et, d’autre part, l’art de la confection de la broderie en Chine avec son originalité, son raffinement et son savoir-faire… «L’exposition de ces petites chaussures ne serait-elle pas la réparation d’un châtiment? La petite chaussure n’est pas sans rappeler son pendant européen le corset.»
Le pied, source de fantasmes érotiques
Chaussures à la cour (dynastie Qing), province du Shanxi. Lotus d’or
Même combat! Dans les deux cas, le corset et les chaussures dénotent une volonté d’esthétisme voulue par les hommes. «La petite chaussure participe à quelque chose qui est essentiel à la culture chinoise, qui est un érotisme du pied» explique Daniel Bergez, commissaire de l’exposition. Dès l’âge de cinq ans, on tirait les quatre orteils vers le talon, laissant le gros orteil libre. En le bandant très fort, le pied ainsi disposé devenait une sorte de cheville hypertrophiée. «Il en résulte une métamorphose du corps des femmes qui ne pouvaient se déplacer que très mal aisément, avancer à petits pas avec une démarche ondoyante à laquelle la société patriarcale accorde une valeur érotique. En cela, toutes ces petites chaussures sont investies dans l’imaginaire amoureux». Cette coutume a d’abord atteint les femmes de la haute société puis s’est diffusée dans la grande bourgeoisie. Elle n’était pas pratiquée dans le monde rural, les pauvres ayant besoin de pouvoir marcher pour aller travailler aux champs. Cette civilisation où l’homme domine s’en satisfait parfaitement, la femme dont la marche est ralentie, est ainsi recluse chez elle.
L’importance du rituel du mariage
Lotus d’or Fécondité, (milieu de la dynastie Qing), province du Zhejiang. Haluki
Chaque type de chaussures rythme les moments de la vie quotidienne. Les femmes brodent elle-même leurs chaussures, d’où cette maîtrise de la technique de la broderie. Les matières – coton, soie et bois – jouent avec les couleurs vives: or, bleu de Chine, garance… dont chacune a une signification. Vert bonheur, bleu et violet fécondité… Dans la culture chinoise, tout est signe. Ainsi on peut découvrir dans les vitrines des chaussures de cour, de fiançailles, celle pour les personnes âgées… Celles de mariage ont un rôle déterminant dans le rituel. La petitesse du pied rend la jeune fille désirable pour son futur époux. Au moment du mariage, trois paires étaient successivement utilisées. La dernière était déposée sur la couche nuptiale. Elle contenait à l’intérieur sur la semelle des dessins érotiques et quelques conseils sexuels.
«Derrière leurs vitrines, ces jeux de chaussures de petites tailles, d’une utilité instrumentale et domestique, ont beaucoup à nous dire. Chacune est une espèce de microcosme, un petit monde en réduction, un condensé de culture, d’histoire, d’émotion, d’existence, de douleur, de souffrance et naturellement de tradition chinoise» justifie Daniel Bergez.
Et Stéphane Gaulier de conclure: «parce qu’elles témoignent d’un passé et d’une histoire singulière de la condition féminine en Chine, parce qu’elles ne sont plus corrélées aujourd’hui à des supplices, on peut apprécier ces chaussures tels des objets d’art, dégagés de ce passé. Elles nous montrent un savoir-faire qui perdure aujourd’hui à travers la Chine, notamment sur des chaussures à taille normale».
Lotus d’Or: l’art de la petite chaussure dans la Chine ancienne. Patronage laïque Jules Vallès. 72, avenue Félix Faure (XVe). Du 1er au 31 octobre 2018. Entrée libre. Lundi de 14h à 22h ; du mardi au vendredi de 10h à 22h ; samedi de 10h à 18h. Pendant les vacances scolaires, du lundi au vendredi de 10h à 18h.
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.