ESSAI – «Le Figaro» a piloté le dernier exemplaire existant du char Schneider entré en service au début de l’année 1917. Avec ce blindé, la Grande Guerre, dont on fête le centenaire de l’armistice, a basculé dans une ère moderne.
Il en a vu de toutes les couleurs. Des vertes et des pas mûres. Rien ne lui a été épargné. Ni les murs barbelés qu’on lui demandait d’escalader, ni les tranchées qu’il devait franchir, ni le bourbier des chemins de campagne, ni les tirs nourris de l’ennemi. Ce jeune centenaire tient toujours debout. C’est un roc. Treize tonnes et demie sur bascule. Une aérodynamique de boîte de chaussures: 6 mètres de long sur 2 mètres de large et 2,30 mètres de haut. Ce monument symbolise une page d’histoire. Notre histoire. Le Schneider CA 1 a fait basculer la Première Guerre mondiale dans l’ère moderne. Il est le premier char d’assaut français. Avant lui, on montait au front à pied ou à cheval.
Le poste de conduite est particulièrement exigu. Sébastien SORIANO/Le Figaro
Sa genèse revient au général Jean Estienne. «Pour gagner les combats, il va falloir des engins blindés», avait-il prophétisé au début de la guerre. Le feu vert du maréchal Joffre obtenu, l’officier Estienne passe aux travaux pratiques. Il se tourne vers Schneider. Installée au Creusot, cette société spécialisée dans la production d’autobus a déjà débuté le développement d’un engin blindé sous l’impulsion de l’ingénieur Eugène Brillié.
Des quatre cents exemplaires produits en 1916 et entrés en service au cours de l’année 1917, notre véhicule est le seul survivant. Il provient du Musée des blindés de Saumur qui mérite plus qu’un détour. Le lieutenant-colonel Pierre Garnier de Labareyre règne sur un patrimoine inestimable de près de 800 véhicules, de la Première Guerre mondiale à nos jours. «Ce qui fait notre spécificité et notre fierté, c’est que nous avons près d’une centaine de véhicules roulants ou en état de rouler», prévient le conservateur des lieux. Le Schneider CA 1 est l’un de ceux-là. Nous avons pu le vérifier.
Blockhaus sur chenilles
La présence d’un mécanicien donne une idée de la taille du char Schneider. Sébastien SORIANO/Le Figaro
Un char d’assaut, c’est avant tout un blockhaus roulant monté sur des chenilles. Son apparence tourne le dos à l’idée que l’on se fait d’un char. Ni tourelle, ni long canon mais un canon court de 75 mm à l’avant droit. Sur chaque flanc, le canon d’une mitrailleuse Hotchkiss perce la carapace blindée. Celle du CA 1 dispose d’une épaisseur de 11,5 mm à laquelle s’est ajoutée au début de sa vie une deuxième peau en acier blindé d’une tonne pour repousser les balles perforantes des Allemands. On accède à l’intérieur par l’arrière du véhicule. L’univers est hostile.
Il est préférable d’avoir la taille jockey et la souplesse d’un gymnaste pour pénétrer dans la cabine. La garde au toit ne dépasse pas 96 cm. C’est donc accroupi que l’on progresse et dans la pénombre. Seules les deux meurtrières à l’avant du véhicule, sont de la taille d’une fente de boîte aux lettres, font office de puits de lumière. Au milieu du Schneider, une fosse carrée accueille les deux tireurs et l’approvisionneur.
Notre reporter aux commandes du Schneider CA 1 a fait basculer la Première Guerre mondiale dans l’ère moderne. Sébastien SORIANO/Le Figaro
Quant au pilote assurant très souvent le rôle de chef de char, accéder au poste de pilotage suppose de réussir une autre figure de gymnastique. Un trou entre le plancher et l’assise oblige à s’avancer les jambes en avant, à la manière d’un champion de barres parallèles. Le 4-cylindres de 60 ch provenant des autocars Schneider est à l’air libre à sa gauche.
Rester jusqu’à dix heures dans cet environnement tenait de l’exploit, entre l’exiguïté des lieux, le moteur qui dégageait une chaleur supérieure à 40 degrés, les vapeurs d’essence et les odeurs de poudre à canon, les vibrations dantesques de l’engin, le tintamarre des chenilles et le confort sommaire malgré la présence de suspensions. L’accélérateur est manuel, la transmission à trois vitesses est en ligne (1 pour le terrain, 2 pour la route) et il faut repasser par le neutre avant de changer de rapport. Pour tourner, il suffit de bloquer une chenille à l’aide de l’un des deux leviers à proximité du pilote. Pour éviter les éclats de métal provenant des tirs adverses, le casque et le masque doté d’une cotte de mailles métallique étaient vivement conseillés. Ajoutez une progression cahin-caha, pas plus rapide qu’un homme au pas (4 km/h) et vous avez une idée de l’enfer qu’ont vécu les militaires à bord des Schneider. Les récits de combats illustrent leur héroïsme.
C’est le 14 avril 1917, en Champagne, à Berry-au-Bac, que le Schneider entra en service, deux jours avant la fameuse offensive du Chemin des Dames. L’état-major se rendit vite compte que son efficacité supposait une parfaite coordination avec l’infanterie et l’aviation. Le char d’assaut poussait à inventer une nouvelle stratégie de guerre. Guère agile et fragile, le Schneider sera remplacé à la fin du conflit par le Renault FT 17, surnommé le char de la victoire.
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.