Depuis fin octobre, des dizaines d’ours en peluche ont fait leur apparition dans les commerces et sur les terrasses du quartier des Gobelins, entre le Ve et XIIIe arrondissements. Le délirant phénomène est l’idée folle d’un libraire qui ne supportait plus de voir les gens faire la moue. Une réussite, un miel !
Personne ne résiste aux nounours géants. Guilhem Séguin
Visiblement, l’espèce est mieux lotie dans la Ville Lumière, à l’abri des polémiques pyrénéennes. Depuis fin octobre, le quartier des Gobelins, entre le Ve et XIIIe, est envahi par les nounours géants. Ils se multiplient dans les commerces, en terrasse ou en intérieur. La belle initiative ne relève pourtant d’aucune revendication artistique ou écologique. Rien à voir, non plus, avec la floraison de décorations de Noël. Loin d’être une opération de communication, le but est pur: offrir une dose de douceur et d’humour en plein milieu de la ferveur parisienne de ce grand quartier.
À l’origine de cette prolifération de peluches, il y a l’intégralité des commerçants du coin, derrière Philippe, un «mec barré», libraire sur l’avenue des Gobelins. Par plaisir et aussi amusement, Philippe achète lui-même les peluches et les envoie gratuitement en immersion dans les magasins environnants, qui ont tous fondu devant leurs gros yeux ronds. «La vraie histoire? Comme tout le monde, j’ai un nounours. Le mien s’appelle Gorille. Un jour, il me dit: “Philippe, je suis ton doudou mais moi, je n’ai pas de doudou, ce n’est pas normal”. Je lui réponds: “Ce n’est pas faux, habille-toi, on part t’en chercher un!”» raconte mystérieusement le libraire. Aujourd’hui, les individus sont nombreux – «Les cousins, ça ne se compte pas», explique-t-il – et le plus grand, le «Pascal le Grand Frère» de la tribu, fait 2m40.
Une bière pour les bears
Tribu d’ours en terrasse. Pierre Clément
L’heure de la suprématie des boules de poils est-elle arrivée? À certains curieux, les commerçants s’amusent à perpétuer une légende. Les ours, dont on rappelle la présence préhistorique, vivaient reclus à l’orée des bois franciliens, loin des hommes. Façon Planète des Singes, la donne s’est inversée et les ursidés ont décidé de descendre en ville. À chaque établissement, son nouvel employé ou client. Pharmacie, salon de coiffure, boulangeries, opticiens… Tous se sont impliqués dans l’opération en leur donnant de sacrées allures. Le couple Merlet, cavistes des Gobelins, est fier d’Oncle Jules, leur grizzli à tablier, gardien d’un énorme tonneau de vin à l’entrée. À la librairie Marques Pages, lunettes sur le bout du museau, Aristote consulte paisiblement les dernières arrivées littéraires. Accueillis par la police nationale, Starsky et Hutch reviennent d’une formation accélérée. Aux terrasses de la Manufacture et du Bagelcorner, il y a du monde poilu en terrasse! Certains, consciencieux pour leur santé, vêtissent châles et écharpes. Les ours aiment aussi se faire une toile aux Fauvettes, déguster un magret de canard au miel au restaurant Etchegorry ou aider au ravitaillement de saumon de la poissonnerie Quoniam.
En consultant la page Facebook du groupe à pattes, on se rend vite compte que quelques spécimens sont plus proches du débridé Ted que du sage Petit Ours Brun. Un représentant de l’espèce se montre au quotidien dans toutes les situations possibles: «à la bourre» dans le métro, commençant à échanger quelques bisous dans le cou d’une oursonne au bar lorsque le beaujolais nouveau lui monte au cerveau, puis en pleine décuve à son domicile. Les internautes se prennent de sympathie pour lui lorsque, glissant sur des feuilles mortes, il finit en déambulateur jusqu’au scanner de l’Institut Mutualiste Montsouris. Les commentaires de soutien affluent. Gros Nounours reprend du poil de la bête et parcourt maintenant la ville à Vespa. C’est quartier libre, les week-ends. À l’image du nain de jardin d’Amélie Poulain, il pose devant les grands monuments de Paris. La belle vie! Les humains prennent des vidéos, des particuliers filment leurs folles soirées avec les animaux et des commerçants immortalisent la naissance d’un ourson, qu’ils postent également.
Un doux miel apprécié des habitants et des touristes
Lendemain difficile, l’arrivée du beaujolais nouveau a fait des dégâts chez les ursidés. Les Nounours des Gobelins
Petits et grands sont émerveillés, les premiers restent bouche bée en croisant ces peluches d’un bout à l’autre du quartier. Les passants s’arrêtent, sourires aux lèvres, pour observer et photographier les peluches d’1m34 et près de 5kg. Certains s’aventurent même à quelques câlins! Leurs voisins humanoïdes sont unanimes. Ils sont «craquants», «doux» et représentent «un apport de bonheur quotidien». Aux dernières nouvelles matinales, un groupe d’oursons s’est attablé au Grand Hôtel des Gobelins pour un copieux petit-déjeuner avant d’entamer de nouvelles frasques dans le quartier.
Ces «distributeurs d’amour» comptent hiberner longtemps dans le quartier, au chaud dans leurs grottes tout confort: «Comme ils sont gourmands, ils ont décidé de faire une grande réunion le jour de la galette des rois dans un cinéma pour annoncer leur prochaine destination… Avant de revenir pour une saison 2!» assure Philippe. La Manufacture des Gobelins a déjà demandé la présence des ursidés pour son exposition de fin d’année.
À ceux tentés d’en adopter un, sachez que les nounours ne sont pas à vendre et que la brigade POGO (Protection des Ours des Gobelins Organisée) veille contre la maltraitance des animaux. Toutefois, il est possible de passer gratuitement 48 heures en compagnie d’un des ours, en envoyant un message de requête sur la page Facebook! En voguant dans cette illusion d’un monde des bisounours recrée, on se dit que leur confrère Baloo avait raison: «Il en faut peu pour être heureux».
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.