De l’avis des acheteurs professionnels comme des designers, la capitale offre, cette saison, la plus belle scène pour la création masculine. Les labels américains, britanniques ou encore japonais y régalent le public.
«Paris is exciting! Cette édition est prometteuse!» s’exclame Bruce Pask, le directeur de l’univers masculin de Bergdorf Goodman pourtant coutumier des Fashion Weeks, mardi soir, premier jour des défilés dans la capitale. 56 shows (dont 10 supplémentaires par rapport à l’édition précédente) et 26 présentations, 15 nationalités sont au programme jusqu’à dimanche soir, faisant une fois encore (et même plus que jamais) de Paris la grande capitale de la mode homme. «Sans nier l’importance de la scène londonienne et du salon du Pitti Uomo à Florence, tous les acheteurs, les journalistes se doivent d’être présents ici», poursuit le New-Yorkais. Au regard du calendrier chargé, pour en être, certains designers cherchent à se distinguer à l’instar du jeune Américain Spencer Phipps du label écoresponsable Phipps, qui faisait déambuler, mardi, ses mannequins en pantalons cargos, sweat-shirts et parkas d’expédition entre les jeux arcades de la Tête dans les Nuages. D’autres étirent la journée jusqu’à fort tard – Han Kjobenhavn, de Copenhague, plantait le décor de sa mode urbaine postapocalyptique, à 21 heures dans un bâtiment du Paris Event Center à la porte de la Villette.
Abloh du label Off-White – qui, en bon camarade, était assis au premier rang chez Preston – peut aussi se targuer d’habiller la jeunesse
Heron Preston fait partie de ces petits nouveaux, venus chercher la gloire dans la Ville Lumière. De la clique de Kanye West et Virgil Abloh, l’Américain de 34 ans investit la galerie haute du Palais de Tokyo transformée, pour l’occasion, en hall d’aéroport avec portiques de sécurité, détecteurs de métaux et images de vidéosurveillance en boucle. Ce décor fait référence à l’inspiration de sa collection: le compte Instagram de la Transportation Security Administration. Soit un inventaire loufoque de trouvailles (serpent, homard, tronçonneuse, armes à feu, etc.) des agents de contrôle des aérogares aux États-Unis qui lui inspire un vestiaire mixte à forte connotation utilitaire. Imper en Nylon parachute façon blouse de labo, pantalon large orange D.D.E et pardessus bleu électrique, boots UGG revues et corrigées en des chaussures de chantier… Un uniforme qui se veut celui d’une génération, parcouru du mot «style» inscrit en cyrillique.
Abloh du label Off-White – qui, en bon camarade, était assis au premier rang chez Preston – peut aussi se targuer d’habiller la jeunesse. Hier, pourtant, le gourou des millennials explore une silhouette plus formelle, celle de jeunes garçons en blazers, pardessus XXL, cravates et chemises blanches enfilés sur d’amples jeans resserrés à la taille par un cordon. Bien sûr, ils portent le plus souvent des sneakers. Ce qui fait la grammaire du designer (également directeur artistique des collections masculines de Louis Vuitton) demeure: les symboles et les logos à gogo, les étiquettes ostensibles, les tags à la bombe de peinture sur des blousons et des sweats à capuche. Il n’oublie pas la nécessaire pincée de storytelling à l’américaine à travers des santiags, des casques de football US et des chemises de bûcheron.
Les moins de 40 ans raffolent aussi du streetwear épuré du collectif français Études, de ses vestes d’ouvrier et pantalons cargo en coton rigide, ses surchemises et ses casquettes brodées du nom de la marque, de ses mailles élargies et de son bleu roi strident que les initiés appellent le «bleu Études». Ces derniers ne seront pas déçus. Trouvant son origine dans le New York de Keith Haring dont les graffitis tapissent combinaison de mécano, jean et écharpes, cette collection est la quintessence de ce qui a fait le succès de la marque de Jérémie Égry, Aurélien Arbet et José Lami depuis 2012: une mode cool et authentique.
De superpositions, il est aussi question chez Takashimuroshita The Soloist. Le Japonais, autrefois derrière le label Number Nine, est de retour dans la capitale avec un dressing tout en poésie
«Paris est une scène incroyable, confirme Hed Mayner. C’est le meilleur endroit où défiler aujourd’hui. La jeune création y est très soutenue. La Fédération de la couture et de la mode nous ouvre les portes.» Dans une salle de classe de l’école d’arts appliqués Duperré, le jeune Israélien (diplômé de l’Institut français de la fode) présente sa quatrième collection et c’est l’une de ses plus matures. À partir d’intemporels du dressing masculin (trench, pardessus, doudoune, jeans, pantalon à pinces et chemises) réinterprétés et superposés, il assemble de délicats millefeuilles: la précision de chaque couche, la perfection des finitions, le juste dosage des couleurs sont remarquables.
De superpositions, il est aussi question chez Takashimuroshita The Soloist. Le Japonais, autrefois derrière le label Number Nine, est de retour dans la capitale avec un dressing tout en poésie. Suivant un savant jeu de construction, il reprend la panoplie du militaire, les harnais d’aviateur et la polaire des alpinistes. Il drape les couvertures de survie autour du corps, couvre de zips et de messages de paix les combinaisons de pilote.
Paris est un tremplin. Pour les plus jeunes mais surtout pour les plus aventuriers. JW Anderson semble vouloir sortir de sa zone de confort et visiter d’autres territoires. D’abord, l’Irlandais (par ailleurs directeur artistique de la maison Loewe) délaisse les podiums londoniens pour ceux de Paname. Ensuite, il envoie sur un chemin de sable noir, sous d’énormes ballons en forme de globe terrestre, des garçons ressemblant à de nouveaux explorateurs. Des bottes de randonnées en poulain et des chaussettes hautes zébrées ou imprimées léopard, réchauffent des shorts bouffants grâce à des coulisses. Des chemises de grand-père dépassent de pull-overs cocon et de bombardiers déstructurés, à chauffe épaules en mouton… Sur le podium, certains looks ressemblent à des cadavres exquis ambulants – le styliste n’a rien perdu de ses effets de style et de son excentricité british. Bientôt, sur les portants, chaque pièce prise séparément est ultradésirable et devrait sans l’ombre d’un doute trouver son public. Même parmi les plus conformistes.
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.