Pot-au feu de L'Avant-Goût de Christophe Beaufront

Photo : Sébastien SORIANO / Le Figaro

Restaurant L’Avant-Goût de Christophe Beaufront

« Un pot-au-feu, c’est un peu comme un feu de bois dans une cheminée »

De toutes les recettes de la gastronomie française, celle du pot-au-feu est peut-être la plus traditionnelle, probablement la moins dispendieuse, et assurément la plus hivernale. Surtout, elle incarne ce génie culinaire que nos grands-mères savaient trouver pour transformer en délices inoubliables des bas morceaux dont personne ne voulait (gîte, macreuse, plat-de-côtes), et des légumes d’hiver aux saveurs engourdies (navets, poireaux, céleris, voire quelques carottes délicates). Avec un oignon, quelques herbes, trois gousses d’ail, quatre clous de girofles, quelques os emplis de moelle, elles vous concoctaient un bouillon d’anthologie qui non seulement transfigurait en quelques heures de mijotage l’insipide équipage, mais de surcroît, se dégustant en entrée, faisait du pot-au-feu un repas complet. La logique eût voulu que ce « plat de pauvres » soit le premier à disparaître. Il revient au contraire en force dans nos assiettes. Un pot-au-feu, c’est un peu comme un feu de bois dans une cheminée.

À mets rustiques vins puissants et tanniques, rouges évidemment, bâtis sur des cépages solides. Mais on les choisira plutôt jeunes, parce que le fruité ainsi préservé apportera une fraîcheur bienvenue aux noces de la bouteille et de l’assiette. Je pense notamment à un cahors comme le Château du Cèdre 2005. Construit comme tous ceux de son appellation par le malbec, mais grandi sur des sols calcaires qui lui ont donné une exceptionnelle vivacité, il se distingue par la richesse de son bouquet (réglisse, myrtille, cassis), sa densité chaleureuse et son intensité en bouche. Plus délicat et plus nuancé pour une recette plus raffinée : le crozes-hermitage cuvée « Mise en bouche » 2005 du Domaine Emmanuel Darnaud, issu cette fois de la syrah. Un nez très intense, épicé, évoquant tout à la fois le poivre noir, l’olive et la mûre. En bouche, c’est l’équilibre qui domine, avec une jolie vivacité gourmande encadrée par des tanins puissants que le plat parviendra vite à arrondir.

Ma sélection

Château du Cèdre
Domaine Emmanuel Darnaud : hermite.fr/emmanuel-darnaud

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