EN IMAGES – Prodige de la photographie de mode et des portraits de stars (Marilyn Monroe, Alain Delon, Audrey Hepburn…), l’Américain est exposé à la Galerie de l’Instant (Paris IIIe) jusqu’au 27 février.
La Galerie de l’Instant fait la part belle aux moments précieux gravés sur la pellicule du photographe américain Milton H. Greene. Dans cette charmante salle d’exposition du Marais, la plupart des clichés datent des années 1950 et 60. Dès l’entrée, un visage bien connu happe l’attention du visiteur. On le retrouve sur la moitié des œuvres. Une tête d’ange, tantôt rieuse, tantôt boudeuse, une auréole de boucles blondes et une aura incroyablement sensuelle. Marilyn Monroe est ce mélange de grâce et mélancolie. Grande amie de l’artiste, elle pose pour lui. Le résultat de ces séances donne des séries d’images iconiques de la pin-up. Dans The Ballerina Sitting (New York, 1954), la belle s’habille d’un volumineux tutu blanc. Assise sur une chaise en osier rose poudrée, positionnée devant une barre d’entraînement de danse classique, l’actrice se penche légèrement en avant et dévoile en partie sa poitrine. Une main délicatement ramenée vers son cou, elle arbore un vernis rouge accordé avec celui de ses pieds et son rouge à lèvres. La couleur criarde et le bleu de ses yeux tranchent avec la mise en scène immaculée. Time Life considère ce cliché comme l’une des vingt images les plus célèbres du XXe siècle. En 1956, elle se met en scène devant un fond noir, simplement vêtue d’un chapeau melon et d’une serviette noire drapée autour de son corps. The Black Sitting est une autre série à succès. Sur d’autres photos plus naturelles, on la retrouve assise sur une marche dans la rue ou dans un escalier entourant la rambarde de ses deux bras, tête appuyée et plaid sur les genoux. Milton H. Greene est le seul à avoir eu accès aux différentes facettes de sa complice.
Faire tomber les masques
Naturellement charmeuses, les photographies de Greene livrent la profondeur des émotions de leurs modèles. Une collection de noir et blanc met en avant la silhouette de Marlène Dietrich. Sur un fond jaune poussin à Rome, la jolie frimousse d’Audrey Hepburn esquisse un sourire malicieux face à l’objectif tout comme Alain Delon en maillot de bain à Madrid. Pilote automobile et cinéaste, Steve McQueen s’adosse fièrement contre le mur où sont épinglées des images de ses bolides, comme s’il attendait l’approbation du visiteur. D’autres ne veulent pas nous voir. À Paris, la cantatrice Maria Callas s’adonne à un minutieux maquillage des lèvres, surpris à travers son miroir. Eux n’ont des yeux que l’un pour l’autre: Richard Burton et Elizabeth Taylor, nez contre nez, laissent quelques centimètres entre leurs visages pour apercevoir au loin Big Ben. Véritable Néréide, ou une «Vénus sortie des eaux» pour la galeriste Julia Gragnon, Sophia Loren jaillit d’une fontaine italienne, un soir de l’an 1963. Enfin, il y a Romy Schneider. La fantastique et hypnotique actrice, proche de Rosalie et moins de Sissi, se laisse apprivoiser par l’objectif de Milton H. Greene à Monte Carlo. Positionnée de profil et de manière désarticulée sur une chaise, elle arbore une robe blanche et noire qui contraste avec la moquette verte à motifs couleur or. Son menton est délicatement appuyé sur le bord d’un verre de vin blanc, en équilibre sur son accoudoir. Entre fresque d’Égypte Antique et mise en scène à la Eugène Ionesco, le photographe fixe la folie douce et la sensualité de l’Autrichienne.
Le prodige de la photographie couleur
À gauche, Milton H. Greene aux côtés de Marilyn Monroe et du producteur Jack Warner. Rue des Archives/BCA
Le spécialiste des photos de stars prend ses premiers clichés à 14ans. Plus tard, il officie pour des magazines de renom comme Life, Harper’s Bazaar et Vogue. La mode l’adore, les célébrités aussi. À 33 ans, il est affublé du surnom de «Color Photography’s Wonder Boy».
C’est en 1953, que Marilyn et lui se rencontrent. Coup de foudre amical au cours d’un shooting pour Look. Milton H. Greene transforme son image. Pour lui, elle n’est pas une blonde idiote et ne se réduit pas à un sex-symbol. Devant son objectif, elle est plus Norma Jeane que Monroe. Ils fondent Marilyn Monroe Productions pour que l’icône prenne le contrôle de sa carrière et soit reconnue comme une vraie actrice. Elle posera pour lui dans une cinquantaine de décors. Il en produira plus de 3000 images dont certaines n’ont jamais été publiées.
En 1985, le photographe décède à 63 ans d’un cancer. Sa famille et son fils aîné, Joshua Greene, continuent de faire sensation à chaque fois qu’ils dévoilent de nouveaux clichés inédits. C’est tout un certain âge d’or du cinéma, de la musique et du glamour qui a défilé devant l’appareil de Greene, immortalisé par son œil avisé.
Milton H. Greene à la Galerie de l’Instant. 46, rue de Poitou (IIIe). Jusqu’au 27 février 2019. Ouvert tous les jours. Lundi de 14h à 19h, du mardi au samedi de 11h à 19h, dimanche de 14h30 à 18h30. Entrée libre.
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.