À l’occasion de la chandeleur, rencontre avec Bertrand Larcher, qui vient d’inaugurer l’Atelier de la crêpe sur le port de Saint-Malo.
De notre envoyée spéciale à Saint-Malo
Un nouveau temple de la crêpe est né, mi-novembre, quai Duguay-Trouin, à Saint-Malo. Fondée en 2011, l’école de formation au métier de crêpier, l’Atelier de la crêpe, a été reprise par Bertrand Larcher en 2014. Elle occupe désormais un ancien hangar à bateaux de 600 m2, avec vue sur les mâts et les mouettes, à cinq minutes de la vieille ville. «Nous sommes au cœur de Saint-Malo, sur le port de commerce. D’ici à trois ans, le Musée d’histoire maritime dessiné par Kengo Kuma devrait voir le jour juste à côté!» s’enthousiasme le fondateur de Breizh Café.
Chaises signées des frères Bouroullec, grandes baies vitrées, tables et bancs en bois clair, parpaings: un style loft industriel qui en jette. Deux millions d’euros de travaux ont été nécessaires pour l’aménagement. L’établissement s’adresse à un public international, de tout âge, professionnel et – c’est nouveau – amateur. Il dispose aussi d’une épicerie (matériel, cidres, farines locales, miel de sarrasin…), d’une salle pour les séminaires d’entreprise à l’étage et, surtout, d’un restaurant d’application de 70 couverts, ouvert à tous, avec une cuisine suréquipée.
Tous les midis, du lundi au vendredi, formateurs et stagiaires préparent une formule à 11,80 euros (une galette, une crêpe, une boisson). «Cette salle à manger, avec vue sur les cuisines, est la vraie force de l’école, comment Bertrand Larcher. Nos élèves ont besoin de comprendre rapidement les émotions qu’ils procurent aux clients.»
Le programme comprend enseignements théoriques (histoire et vertus du sarrasin, démarches administratives, présentation des cidres) et beaucoup de pratique. Car tourner des crêpes est moins simple qu’on ne le croit. Une fois la louche de pâte versée sur le bilig (la crêpière), il faut effectuer un mouvement circulaire léger pour l’étaler avec le rozell (râteau), puis retourner rapidement la galette à l’aide de la spatule avant qu’elle n’accroche.
Pendant six heures par jour, sous l’œil attentif de Kei la Japonaise et d’Alexandre le Nantais, les deux formateurs de l’école, les élèves répètent inlassablement le geste jusqu’à obtenir des disques bien ronds, croustillants à l’extérieur et moelleux à l’intérieur. Vient ensuite le travail sur les garnitures, de préférence bio et locales, et la pliure de la galette ad hoc (en triangle, en carré).
«J’ai trouvé dans cette formation des valeurs et des exigences qui me convenaient : sur la qualité des produits, la volonté de transmission d’un patrimoine régional, d’une gestuelle»
Laurent, 47 ans, installé à Malakoff , compte ouvrir une crêperie dans l’Ouest parisien
Olivier, 32 ans, originaire du Val-de-Marne, chauffeur de poids lourds pendant sept ans, souhaite ouvrir une crêperie en région parisienne avec son petit frère. Il suit une CQP (certificat de qualification professionnelle), formation de six semaines avec un stage en entreprise – elle est proposée aussi sur 6 mois, plutôt à destination des plus jeunes. «Les formateurs m’ont beaucoup encouragé. Les premiers jours, devant la difficulté à maîtriser le tour de main, je me suis demandé si j’étais vraiment fait pour ça», confesse-il après avoir débité des pommes poêlées pour la galette du jour (avec camembert au lait cru, noix et salade) et une vingtaine de crêpes sucrées.
Betty et Vincent, couple d’éducateurs quinqua de Laruns (Pyrénées-Atlantiques), reprendront en avril une crêperie au milieu des montagnes. Ils ont six semaines pour apprendre le métier. «Nous voulons changer de vie.» Alexandre a prévu de les aider à imaginer une carte facile à maîtriser pour les débuts. Du sur-mesure!
L’Atelier dispense aussi une formation «Les fondamentaux» de quinze jours, destinée aux apprentis plus aguerris. Anne-France, 52 ans, tient une boutique de produits de la mer dans la baie de Somme. Malouine d’origine, elle est venue retrouver «le goût et le geste» de la galette que lui préparait sa grand-mère. «Elle ne m’a malheureusement rien transmis. C’est un savoir-faire que je veux apprendre à mes filles et qui devrait être enseigné à l’école en Bretagne!»
L’aura internationale de Bertrand Larcher
Laurent, 47 ans, installé à Malakoff (Hauts-de-Seine), est un compagnon du devoir qui a passé treize ans à travailler le plâtre pour des décors. Il compte ouvrir une crêperie dans l’Ouest parisien, avec un projet bien précis: mettre en valeur les produits de son Cantal natal. «J’ai trouvé dans cette formation des valeurs et des exigences qui me convenaient: sur la qualité des produits, la volonté de transmission d’un patrimoine régional, d’une gestuelle.»
Attiré par l’aura internationale de Bertrand Larcher et par ses méthodes inspirées du Japon, il a apprécié que ce «Bocuse de la galette prenne le temps de [leur] faire visiter sa ferme pédagogique», allant même jusqu’à lui proposer de l’aide à l’avenir. Pour le grand public enfin, des ateliers de quatre heures (dont une de dégustation au restaurant d’application) débuteront le samedi 23 février (75 euros).
Bertrand Larcher a choisi deux parrains illustres, le chef Yves Camdeborde et le sommelier Éric Beaumard, pour porter la bonne parole. «Cette école, c’est mon vaisseau amiral. Il s’agit d’un acte citoyen, celui de rendre à la société ce qu’elle m’a donné mais aussi de partager la culture bretonne avec les générations futures.» Trop souvent vulgarisée selon lui, la galette manquerait terriblement d’exigence. «Il faut du temps pour apprendre le métier. Trop de gens ne pensent qu’au business. Les écoles ne parlent que de rentabilité, pas de rêve!»
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.