GUIDE DE VOYAGE – Entre tapas et joie de la glisse, cap sur la plus grande station de la principauté, organisatrice de la prochaine Coupe du monde de ski, qui fête ses 15 ans d’existence.
Lorsqu’on arrive en Andorre venant de Toulouse, par la vallée de l’Ariège, on est saisi d’un complet et immédiat dépaysement. La route décrit dans les derniers kilomètres de larges courbes, paysage esseulé, monts pelés quasi désertiques. Puis survient un poste-frontière démesuré qu’on franchit haletant – on a un peu perdu l’habitude – conscient de quitter tout à la fois la France mais aussi l’Europe dont la principauté n’est pas un État membre. Coincé dans un cirque de montagnes entre la France et l’Espagne, le pays a deux passions, le commerce détaxé, activité qui a transformé ses villes en de vastes supermarchés, et le ski, dont le domaine couvre un tiers de son territoire!
«L’enseignement du ski est obligatoire dès la maternelle jusqu’à la fin des études», explique Marco, un jeune Andorran en charge des réseaux sociaux de la station de Grandvalira. On l’a bien compris, la montagne est dans les gènes de ses 25 000 compatriotes sur les 80 000 habitants que compte le pays. Un État que dirigent deux coprinces, le président de la République française et l’évêque de Seu d’Urgell, première ville du côté espagnol.
Grâce à ce double parrainage, hérité côté français du comte de Foix, le pays a garanti son indépendance. Sans la signature des deux souverains, aucune loi n’est promulguée. Le prélat est le plus actif et pèse de tout son poids sur la vie nationale avec comme résultat, notamment, l’absence de casino et de jeux d’argent en Andorre… Un particularisme local qui n’empêche pas ce petit pays et ses habitants de pencher pour un art de vivre festif et opulent jusqu’aux pistes de ski.
Les chalets de bois sont quasi absents du paysage montagnard, au profit de maisons en granit aux toitures d’ardoise.
Ne cherchez pas le village de Grandvalira, son clocher et sa mairie. Il n’existe pas. La station avec 210 km de pistes, présentée par une astucieuse formule marketing comme «la plus importante du sud de l’Europe», regroupe six secteurs, autrement dit six portes d’entrée pour accéder à son domaine: Le Pas-de-la-Case, le plus proche de la France, Grau Roig, Soldeu, El Tarter, Canillo et Encamp. Chacun possède un front de neige sur lequel se déploient des équipements identiques: parking, remontées mécaniques, école de ski, garderie, centre de secours, bars et restaurants. Une organisation déroutante des sports d’hiver pour les Français. S’ajoute un urbanisme différent. Les chalets de bois sont quasi absents du paysage montagnard, au profit de maisons en granit aux toitures d’ardoise. Côté hôtels, ils sont luxueux, construits dans des matériaux nobles, à la décoration intérieure très soignée. Créé il y a quinze ans, Grandvalira est donc un fantôme dont le nom définit juste une marque.
Une fois sur le massif, on oublie vite le secteur sur lequel on skie. D’autant que le domaine est très homogène et se situe entre 2 560 m (le pic Llosada) et 1 500 m (Canillo). Des pistes plutôt XXL, un peu comme des champs de neige, émerge parfois une borda, maison de berger. On découvre des vues sublimes. Le plus beau point de vue est au sommet du pic Blanc (2528 m) d’où l’on plonge dans un aplomb ébouriffant sur la ville du Pas-de-la-Case. Une piste rouge, la Directa 1, plutôt sportive, y conduit. Parfois, changement de décor, un chemin forestier se faufile entre les pins noirs et les sapins, aiguilles vertes saupoudrées de neige, comme sur le Cami de Pessons, une piste qui conduit du sommet de Cubil jusqu’au beau lac de Pessons. Les 129 pistes de Grandvalira sont plutôt du ski facile avec 49 bleues et 20 vertes. Les 41 pistes rouges justifient souvent leurs couleurs par la présence d’un ou deux murs. Une fois ces difficultés franchies, on glisse sur des pentes moins accidentées qui se rapprochent des pistes bleues. En pratique, ce qui est très agréable sur ce domaine, c’est la longueur des descentes, rarement entrecoupées par le recours à une remontée mécanique. La plus longue, Gall de Bosc, part de Tosa dels Espiolets puis descend jusqu’à la porte d’entrée de Soldeu sur plus de 8,2 km. Les enfants ont leur propre piste, très ludique, baptisée «Imaginarium», filant dans les sapins à travers des arches de tissus colorés et dotée de jeux d’adresse. Quant aux skieurs très chevronnés, 19 pistes noires leur assurent de belles émotions, dont Aliga et Avet, aux dénivelés impressionnants. Elles accueilleront les finales de la Coupe du monde de ski alpin 2019 du 11 au 17 mars prochain.
Un ski confort et luxueux
«En Andorre, les Catalans donnent le « la » d’un après-ski festif avec une kyrielle de bars à champagne ou à huîtres aménagés sur des terrasses extérieures et emmenés par des DJ d’Ibiza.»
Le ski andorran, pour satisfaire sa clientèle espagnole qui compose 50 % des skieurs, a développé une offre très haut de gamme, peu coutumière dans les Pyrénées. C’est Top Class, un service VIP exclusif accessible avec la réservation d’un cours de ski d’au moins 4 heures. Il débute à la sortie de son hôtel où une voiture particulière avec chauffeur vient vous chercher et vous conduit sur l’un des six secteurs d’entrée de la station, chacun équipé d’un chalet Top Class. On y trouve un vestiaire avec un local ski chauffé, des douches, une cabine de massage, un salon équipé de confortables canapés et d’un minibar. Sur les pistes, outre un accès privilégié aux remontées mécanique sans attente, une vidéo de votre descente est réalisée, visionnée en fin de cours sur l’écran du chalet. On peut également demander à réserver un restaurant ou à bénéficier d’un guide accompagnateur pour le shopping d’après-ski. Cette conciergerie des neiges peut organiser diverses expériences comme la dépose en hélicoptère sur un sommet des pistes. La pratique, interdite en France, est autorisée en Andorre mais très sévèrement encadrée. L’accès au service Top Class a un prix, 267 euros pour la demi-journée (4 heures), 402,50 euros pour une journée complète (8 heures). À Grandvalira, le luxe est aussi dans la qualité exceptionnelle de la restauration sur les pistes: plus de 60 bars ou restaurants d’altitude semi-gastronomiques et souvent très accessibles, côté prix, du fait de l’absence de TVA et de taxes sur l’alcool. Des distributions gratuites de soupe chaude sont par ailleurs organisées pour réchauffer un skieur dont la station prend grand soin. Le moindre plat, par exemple, fait l’objet d’un tire-corde…
En Andorre, les Catalans donnent le «la» d’un après-ski festif avec une kyrielle de bars à champagne ou à huîtres aménagés sur des terrasses extérieures et emmenés par des DJ venus des temples musicaux d’Ibiza. Jusqu’à deux mille personnes font la fête (le samedi soir) à l’Abarset (El Tarter), le plus connu. Une nouvelle adresse, L’Après Amélie (Encamp), affiche d’ambitieuses promesses avec tapas, huîtres et champagne. Autres choix plus magique encore, filer à Andorre-la-Vieille (la capitale), située à une quinzaine de minutes de Grandvalira, dont le cœur de ville est dédié au shopping détaxé. Là ouvre à la fermeture des pistes (17 heures) le tout nouveau musée d’une des résidentes les plus célèbres de la principauté, la baronne Thyssen, dont la collection d’art compterait 1 400 œuvres. Une trentaine y est présentée dans ce musée baptisé «Carmen Thyssen Andorre», à travers des expositions temporaires et thématiques. «Femina Feminae» ambitionne (jusqu’au 10 septembre) de révéler différents aspects de la féminité dans la peinture. Quelques chefs-d’œuvre, de Béraud à Delaunay, illustrent le propos.
Passer des télésièges aux cimaises d’un prestigieux musée d’art est une expérience inédite qui offre une alternative à l’après-ski traditionnel. La voiture est indispensable en Andorre car, même si les distances sont courtes, on traverse le pays en 1 h 30 sans se presser, les transports publics sont quasi inexistants. Les Andorrans adorent les grosses cylindrées et les 4 × 4 que l’essence sans taxe, 1 euro le litre, rend très populaires.
CARNET DE ROUTE
Viser Toulouse puis navette directe de l’aéroport de Toulouse-Blagnac et de la gare de Toulouse-Matabiau (36 €) avec Andbus. Comptez 2 h 30. www.andorrabybus.com
Le seul 5-étoiles des Pyrénées, estampillé Leading Hotel of the Word, Le Sport Hotels Hermitage est à Soldeu, un des secteurs de Grandvalira. Face à Avet, piste de Coupe du monde, s’ouvrent 135 chambres et suites, luxueusement aménagées. Un spa de 5 000 m2 et 8 restaurants ajoutent à l’extravagance du lieu. Ski room aux pieds des pistes avec open bar. De 360 € à 1 065 €. Tél.: 00 376 87 06 70 ; www.sporthotels.ad
Autre adresse, dans le secteur de Grau Roig, l’Hôtel Grau Roig, un 4-étoiles entièrement rénové, ski aux pieds. De 295 € à 592 €. Tél.: 00 376 75 55 56 ; www.hotelgrauroig.com
Il faut déjeuner au Vodka Bar, une ancienne étable , aux pieds de la piste Montmalùs, où l’on vous sert un escudella (pot-au-feu andoran). Comptez 40 €. Tél.: 00 376 346 620. Dîner au Refuge du lac de Pessons, ferme d’alpage, feu de bois et produits locaux dans l’assiette, menu unique à 100 € avec boissons, la montée nocturne en dameuse comprise. Tél.: 00 376 321 683.
Journée: 51 € (adulte), 46 € (12-17 ans), 35 € (5-12 ans). Six jours: 270,60 € (adulte), 242,40 € (12-17 ans), 181,80 € (5-12 ans). La station ferme le 21 avril.
Après une première destination réussie pour les guinguettes de Montréal au parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest, c’est au tour de Griffintown d’accueillir cette fête estivale.
C’est l’organisme à but non lucratif (OBNL), le Village de Noël de Montréal, qui est derrière ce concept de fête gourmande, culturelle et artisanale sur le bord de l’eau.
Après de nombreux évènements préparés pendant la saison hivernale, comme au marché Atwater et au Quartier des spectacles de la Place des arts, le Village de Noël de Montréal souhaitait développer des activités pendant l’été.
«Au marché de Noël, c’est pas mal ça qu’on fait aussi. [On offre] une programmation culturelle variée et on met en relief l’artisanat et la gastronomie locale», explique la directrice générale de Village de Noël de Montréal, Line Basbous.
Ce nouvel évènement estival permet également à l’OBNL de conserver son personnel et de recruter de nouveaux employés tout au long de l’année.
Concept des guinguettes
Une guinguette est un cabaret populaire français, à l’image d’une station balnéaire estivale. À Montréal, quatre guinguettes mobiles sont prévues.
Le nouveau restaurant conçu pour l’événement, Merci Tata, accueille la population dans une ambiance décorée et festive sur le bord de l’eau, soit via le canal de Lachine, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des prairies.
«C’est une conception alimentaire qui intègre l’événement. C’est la station gourmande qu’on retrouve dans toutes les guinguettes», précise la directrice générale.
Succès
Du 12 au 27 juin, le parc de l’Ancienne-cour-de-triage dans le Sud-Ouest a accueilli la première guinguette mobile.
«Quand on a commencé le montage [du site] la semaine qui a précédé le lancement, les gens s’arrêtaient pour poser des questions. On a senti qu’il y avait un certain enthousiasme pour le projet», note Mme Basbous.
Lors des dix jours d’opération de la guinguette au parc de l’Ancienne-cour-de-triage, située le long du canal de Lachine, environ 7000 personnes ont profité des installations de la première édition.
Retour
La guinguette mobile reviendra dans le Sud-Ouest. Un peu plus à l’est, cette fois, elle prendra place jusqu’au 25 juillet à la place des Ouvriers au parc Lien Nord, en bordure du canal de Lachine, au début de Griffintown.
Plusieurs artisans locaux seront sur place afin de présenter leurs cosmétiques, décorations, vêtements, bijoux et produits alimentaires.
Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur un possible retour des guinguettes et de son restaurant Merci Tata l’an prochain, l’intérêt se fait sentir par la population.
«On voit bien qu’il y a un enthousiasme pour ce projet. On espère pouvoir le faire durer année après année», souligne Mme Basbous.
Une guinguette stationnaire pour l’été est présente au parc Jean-Drapeau jusqu’au 3 octobre. Une guinguette mobile est également prévue à l’Îlot John Gallagher dans Verdun en août.
Claudia Bouvette et Luis Clavis ont composé à distance la chanson «Kodak jetable», qu’ils interpréteront à «La belle tournée», où la région montréalaise sera en vedette, lundi soir.
Un duo mitonné alors qu’elle séjournait chez sa mère, à Bromont, et que lui était dans son studio de Montréal, pendant le premier confinement du printemps 2020.
Outre cette langoureuse pièce, Bouvette et Clavis ont en commun d’être natifs de l’Estrie et des Cantons de l’Est, Bromont pour elle, Sherbrooke pour lui, d’avoir adopté Montréal au début de leur carrière… et d’en être tombés amoureux.
Luis Clavis s’y est établi après le cégep avec ses comparses de Valaire et Qualité Motel, tandis que Claudia Bouvette avait 15 ans quand elle a participé à «Mixmania 2» et a dû pour ce faire s’installer pendant deux mois dans un loft du Vieux-Montréal. Elle a ensuite décroché rôles et engagements qui l’ont amenée de plus en plus souvent dans la métropole.
Début vingtaine, elle louait un premier logis dans Villeray et, depuis cinq ans, l’artiste de 26 ans est une fière résidente d’Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qu’elle estime de plus en plus tendance, tout en demeurant accessible.
«Je me souviens, au début, quand j’habitais dans le sous-sol de mon « chum », dans Ahuntsic, je ne pouvais pas passer plus qu’une semaine à Montréal, car je trouvais ça trop intense, a raconté Claudia. J’avais besoin de retourner à la campagne, d’être dans un train de vie un peu moins bruyant et rapide. Après, je suis devenue plus autonome, et j’ai vraiment eu la piqûre. Maintenant, c’est l’inverse: je dois me forcer pour aller voir ma famille à Bromont!»
« Quand je suis passé chez le notaire, mes genoux ont flanché. Je me suis dit : est-ce que je viens de faire la plus grande connerie de ma vie ? Mais finalement, ç’a été une bonne décision », raconte en riant Peter Balov, propriétaire du nouveau Bistro Sofia.
Quelques mois plus tard, assis devant son établissement, en plein cœur de la Petite-Patrie à Montréal, il savoure maintenant le moment. Le Québec est déconfiné, son bistro est sur le chemin de la rentabilité, mais le saut vers la restauration a été parsemé de doutes.
« Je suis foncièrement un nomade. J’ai toujours travaillé dans le monde du cirque et du théâtre, en sonorisation, puis comme directeur de production. Je voyageais partout dans le monde avec ma conjointe qui a été longtemps acrobate. Puis, la pandémie est arrivée, ma vie a basculé », raconte-t-il.
D’un dépanneur… à un restaurant !
Lors de cette semaine fatidique du 9 mars 2020, il est en tournée en Iowa. Le spectacle est annulé en quelques heures, il doit rentrer en catastrophe à Montréal et réinventer sa vie professionnelle.
« On a fait une réunion sur Zoom avec les collègues. Et là, un artiste m’a demandé : que vas-tu faire ? À la blague, j’ai dit, je vais m’acheter un dépanneur, on aura toujours besoin de dépanneurs ! Et c’est resté dans ma tête, c’est devenu une petite épicerie, puis un café, puis je suis arrivé avec l’idée d’un restaurant », dit-il.
Une cuisine typiquement bulgare
Il décide alors d’ouvrir un bistro qui va mettre en valeur une cuisine qui célèbre ses origines. « Je suis né en Bulgarie et je suis arrivé à Montréal en 1994. Donc, je voulais un restaurant qui représente ce que je suis », relate Balov.
Son but ? S’approvisionner avec des produits bulgares, mais aussi des aliments frais du Québec. « J’ai toujours aimé le marché Jean-Talon. Donc, on achète là-bas, mais on fait une grande place à la cuisine des Balkans ».
Sur le menu du restaurant qui a ouvert en décembre dernier, on retrouve des mezze, des grillades et salades. Après des mois d’incertitudes, la clientèle augmente de semaine en semaine. « Il y a eu un excellent bouche-à-oreille et je souhaite vraiment que les gens se sentent bien ici », dit-il.